Lo tèxte-Le texte
Textes de Jean Froissart (1337-1405) - Alain Muñoz
Les textes présentés ici le sont en langue française. Lors de la représentation, seuls les textes de Froissart seront dans cette langue afin de respecter les écrits originaux.
Les quatrains en octosyllabes seront en occitan, traduits par Jean-Louis Lavit, comme l'auròst, issu du livre des oraisons.
Le livret qui sera distribué à l'entrée sera bilingue et précisera les interventions des chanteurs et danseurs.
Au tombeau de Fébus - Au hossat de Fèbus
1 C'est dans la crypte abandonnée D'un couvent jadis prospère Que notre histoire va commencer Au cœur d'un monde de misère |
1. D’un convent temps a prosperant Qu’aquesta istòria ei condada Nosta misèria esclairant |
2 Les papistes et les parpaillots Pendant la guerre des cimetières Bouleversèrent les tombeaux Jusqu'au plus Saint des monastères |
2. Papistes, parpalhòts hant guèrra Au mei cabens deus cemitèris Deus hossats que virèn la tèrra Dinc au mei Sant deus monastèris |
3 Moi je ne suis qu'un petit rien Simple bouffon gardien des morts Le dernier valet d'Hellequin Qui des âmes scelle le sort |
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4 Public ami ainsi me vois Fanal en main mal assuré Dans ce caveau en grand effroi Profaner l'escalier sacré |
4. E tu public que’m veds aquiu Dens lo tahuc halha a la man, A profanar mei mort que viu Aqueste sacrat escalar |
5 Je suis occis si l'on me voit Car aujourd'hui est arrivé Le temps où l'on mène au trépas Ceux qui respectent le passé |
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6 En telle crypte l'on me voit Au cœur de ce temps la machine Protège rassure et renvoie De l'humanité la racine |
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7 Engeance humaine pauvre erre Que comprenne ceci qui le peut Mais le pouvoir tombe en jachère Quand le tyran en fait l'aveu |
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8 A quoi ça sert de commander Et d'accumuler les butins Quand c'est pour tout abandonner A la Camarde le destin |
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9 Pour grande édification Public ami observe et juge D'un seigneur comte l'ambition Qui attire et toujours gruge |
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10 Car ici même au doux Béarn Il mourut après chasse folle Prince qui n'eut aucune larme Car pour les siens plusieurs paroles |
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11 Voici où dort depuis des ans Gaston Fébus prince soleil Dont la devise Febus aban Fut en son temps le seul conseil |
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12 Même disait ce grand seigneur Toques si gauses à tout chrétien Qui croisait pour un grand malheur Gaston Fébus sur son chemin |
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13 Gaston Fébus Prince de Foix Gésir ici en solitude Cela est singulier ma foi De voir tes os en foultitude |
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14 Est-ce ton crâne ou ton couillon Dedans la terre remuée C'est à grande abomination Que ton cadavre fut livré |
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15 Et petit moi suis condamné Tous les ans à remettre en place Dans ce caveau fort mal aimé Du grand Fébus pauvre carcasse |
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16 Gentil public veux-tu apprendre Ce qu'il advint du fier vicomte Quand arriva son temps de prendre De sa vie le dernier acompte |
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17 Mais tu n'entends jamais assez Que loin de racheter l'envie La mort revient au trépassé De payer sa geste le prix |
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18 Que périsse par son pêché Celui qui fut maître de chasse Qui tua cerf loup beau gibier Et de l'ours affronta l'audace |
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19 Ainsi finit aux bois d'Orion Lors d'une folle chevauchée Pour avoir fait folle ablution Du fier vicomte l'épopée |
19. Atau fení aus bòscs d’Aurion Deu viscomte la cavaucada Per ua sola ablucion L’epopèia s’ei acabada |
20 Ainsi pendant Cent Ans de guerre Contre l'Anglais et le Français Gaston Fébus comme un tonnerre Acheva son temps foudroyé |
20. Qu’èra la guèrra deus Anglés E deus Francés ua longa guèrra Gaston Fèbus hodre biarnés Acabè fulminat sus tèrra |
Froissart Le Comte Gaston de Foix,... en ce temps que je fus devers lui, avait environ cinquante-neuf ans d'âge. Et vous dis que j'ai en mon temps vu moult de chevaliers, rois, princes et autres ; mais je n'en vis oncques nul qui fût de si beaux membres, de si belle forme, ne de si belle taille et viaire bel, sanguin et riant, les yeux vairs et amoureux là où il plaisait son regard à asseoir.....
De toutes choses il était si très-parfait, que on ne le pourrait trop louer. Il aimait ce qu'il devait aimer, et hayait ce qu'il devait haïr. Sage chevalier était et de haute emprise et plein de bon conseil, et n'avait eu oncques nul marmouset d'encoste lui. Il fut prud'homme en régner. Il disait en son retrait planté d'oraisons, tous les jours une nocturne du psautier... et tous les jours faisait donner...l'aumône à sa porte à toute gens... Il fut large et courtois en dons... D'armes et d'amour volontiers se déduisait...
...Et quand de sa chambre à mie nuit venait pour souper en la salle, devant lui avait douze torches allumées que douze varlets portaient... qui donnaient grande clarté en la salle … pleine de chevaliers et d'écuyers ; et toujours étaient à foison tables dressées pour souper, qui souper voulait.... Il prenait en toute ménestraudie grand ébattement... Il faisait ses clercs volontiers chanter chansons, rondeaux et virelais... |
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21 Gaston Fébus aimait les femmes Toutes celles à beau caractère Avec lesquelles perdait son âme Sans peur d'y laisser l'aumônière |
21. Fèbus las damas s’avè gai Subertot las de bon capatge Pèrder-s’i l’amna aquò rai O si a la borsa hasèn ravatge |
22 On dit aussi que quelque nonain Tendre écuyer charmant puceau Reçurent du comte un tour de main Qu'ils n'oublièrent de si tôt |
22. Que’s ditz tanben que tau monjon Trende escudèr charmant puncèu Avón deu comte l’atencion Passats se’n serén quin degrèu |
23 Mais que serait l'engeance humaine Si du présent elle ne vivait Tous les bonheurs toutes les peines Qu'offre la vie à grand regret |
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24 Profite ami public profite Du temps présent fais ce qu'il plaît N'oublie jamais que je tiens quitte La mort arrive sans regret |
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25 J'en sais moi petit quelque chose Qui trace mes soulier poudreux Dans le tombeau et la nécrose Du bandeur au foutre glorieux |
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26 Promis en temps de plus jeune âge Gaston de Foix a épousé Une tendresse nubile et sage Qu'un grand poète a enseigné |
26. Afiusada au temps de joenessa Gaston de Foish l’a esposada Puncela plea d’astruguessa Qu’un gran poèta avè’scoliada |
27 Agnès enfant de roi de France Chantait et aussi versifiait De Machaud Guillaume en prudence Elle fut parfaite élevée |
27. Agnès hilha deu rei de França Be cantè hèra e rimè De Guilhem Machaud l’ahilhança Jamei era non desleishè |
28 Mais point les muses ne suffisent A aimer et à être aimée Quand de Navarre souffle la bise Et du roi Charles le Mauvais |
28. Mes las musas non dan pro gana Tà aimar e tà’star aimada Quan Navarresa, la bisana De Carles lo Mau hè balada |
29 Car il était frère d'Agnès Et retint une fois pour toute Par devers lui la dot en pièces Pour que Fébus fit banqueroute |
29. La doça Agnès qu’estó ostatja Totun au Fèbus que balhè De l’amor lo mei beròi gatge Charmant e nut un airetèr |
30 La douce Agnès victime otage Cependant offrit à Fébus De son amour le plus beau gage Un héritier charmant et nu |
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31 Pendant qu'Agnès marchait en France Le vicomte s'est bien consolé Avec dame en belle élégance Qui lui donna vague héritier |
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32 Aussi aimé est-il du père Le jeune Yvain n'est qu'un bâtard Heureux vit oncques avec son frère En chasse guerre et d'autres arts |
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33 Mais le moment le plus terrible De la vie même de Fébus Vint de certain filtre indicible Que l'héritier voulut qu'il but |
34 Ne plaignons point les héritiers Qui plutôt que d'être sages Dans l'insouciance et le tapage Se déchirent en grande pitié |
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35 Et je sais de grands capitaines Qui par l'argent sont dévorés Fébus a donc autant de haine Que dans Orthez trésors gardés |
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36 Fébus a donc assassiné De ses mains le jeune Gaston Quand son bâtard périt brûlé Il en a tiré les leçons |
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37 Aussi vrai que suis un bouffon En cette ruine de tombeau Ne sais crânes ou médaillons Du père ou fils qui le plus beau |
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Froissart Quand ce vint sur le point que l'enfès dut partir, le roi de Navarre le traït à part en sa chambre secrètement et lui donna une moult belle boursette pleine de poudre, de telle condition que il n'était chose vivante qui, si de la poudre touchait ou mangeait. « Gaston dit le roi, beau neveu, vous ferez ce que je vous dirai....Le comte de Foix, votre père, a, à son tort, en grande haine votre mère, ma sœur ; et ce me déplaît grandement... »
...Quand il viendra à point, vous prendrez un petit de cette poudre et en mettrez sur la viande de votre père et gardez bien que nul ne vous voie. Et sitôt comme il en aura mangé, il ne finera jamais ni n'entendra à autre chose, fors que il puisse r'avoir sa femme votre mère avecques lui et s'entr'aimeront à toujours.
L'enfès se partit de Pampelune et s'en retourna à Ortais. Le comte de Foix, son père, lui fit bonne chère, et lui demanda des nouvelles de Navarre et quels dons ni joyaux on lui avait donnés... et tous les montra exceptée la boursette où était la poudre..
Gaston et Yvain, son frère bâtard, gisaient ensemble en une chambre et s'entr'aimaient ainsi que des enfants frères font, et se vêtaient de cottes et d'habits ensemble... Ils s'entre-changèrent leurs cottes et tant que la cotte de Gaston, où la poudre et la bourse étaient, alla sur la place du lit d'Yvain, frère de Gaston. Yvain qui était assez malicieux, sentit la poudre en la bourse
« Gaston quelle chose est ci que vous portez tous les jours à votre poitrine ? » « Rendez-moi ma cotte, Yvain ; vous n'en avez que faire. » Yvain lui rejeta sa cotte. Gaston la vêtit. Si fut ce jour trop plus pensif que il n'avait été au devant.... Si advint dedans trois jours après … que Gaston courrouça son frère Yvain pour le jeu de paume et lui donna une jouée. Il s'en courrouça et enfélonna et entra tout pleurant en la chambre son père « ...depuis que il est retourné de Navarre, il porte à sa poitrine une boursette toute pleine de poudre, mais je ne sais à quoi elle sert, ni que il en veut faire, fors tant que il m'a dit une fois ou deux que madame sa mère sera temprement et bien bref mieux en votre grâce que oncques ne fut. » |
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Froissart Le comte de Foix entra lors en grand'imagination, et se couvrit jusques à l'heure du dîner, et lava et s'assit à table, en sa salle. Gaston son fils avait d'usage que il le servait de tous ses mets... Le comte jette ses yeux, qui était tout informé de son fait, et voit les pendants de la boursette au gipon de son fils. « Gaston, viens avant, je vueil parler à toi en l'oreille ». Il s'avança de la table. Le comteouvrit lors son sein et desnoulla lors son gipon et prit un coustel et coupa les pendants de la boursette, et lui dedemoura en la main, et puis dit à son fils : « Quelle chose est-ce en celle boursette ? » L'enfès, qui fut tout surpris et ébahi,..., devint tout blanc de paour et tout éperdu, et commença fort à trembler car il se sentait forfait.
Le comte de Foix ouvrit la bourse et prit de la poudre, et en mit sur un tailloir de pain et puis siffla un lévrier … et lui donna à manger. Sitôt que le chien ot mangé le premier morsel, il tourna les pieds dessus et mourut. Le comte de Foix fut courroucé, il y ot bien cause et se leva de table et prit son coutel et voult lancer auprès son fils, et l'eut là occis sans remède, mais chevaliers et écuyers saillirent au-devant...
...Monseigneur pour Dieu merci ! Ne vous hâtez point, mais vous informez de la besogne avant que vous fassiez à votre fils nul mal. » Et le premier mot que le comte dit, ce fut en son gascon « O Gaston, traitour, pour toi et pour accroître ton héritage qui te devait retourner, j'ai eu guerre et haine au roi de France, au roi d'Angleterre, au roi de Navarre et au roi d'Aragon, et contre eux me suis-je bien tenu et porté ; et tu me veux maintenant murdrir. Il te vient de mauvaise nature. Sache que tu en mourras à ce coup. »
Mais chevaliers et écuyers se mirent à genoux en pleurant devant lui, et lui dirent « … n'occiez pas Gaston ; vous n'avez plus d'enfants. Faites-le garder et informez-vous de la matière : espoir ne savait-il que il portait, et n'a nulle coulpe à ce mesfait. » « Or, tôt, dit le comte, mettez-le en la tour et soit tellement gardé que on m'en rende compte. |
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Froissart Le comte de Foix le faisait tenir en une chambre en la tour où petit avait de la lumière et fut là dix jours. Petit y but et mangea, combien que on lui apportait tous les jours assez à boire et à manger. Mais quand il avait la viande, il la détournait et n'en tenait compte … Le comte le faisait là tenir, sans nulle garde qui fût en la chambre avecques lui, ni qui le conseilla ni confortât ; et fût l'enfès toujours en ces draps ainsi comme il y entra. Et si se mérencolia grandement et maudissait l'heure que il fut oncques né ni engendré, pour être venu à telle fin.
Le jour de son trépas, ceux qui le servaient de manger lui apportèrent la viande. Gaston n'en fit compte et dit « Mettez-la là. » Cil qui le servait de ce que je vous dis, regarde, et voit en la prison toutes les viandes que les jours passés il avait apportées. A doncques referma-t-il la chambre et vint au comte de Foix et lui dit « Monseigneur pour Dieu merci ! Prenez garde dessus votre fils, car il s'affame là en la prison où il gît »...
De celle parole le comte s'enfélonna, … il se partit de sa chambre, et s'en vint vers la prison où son fils était et tenait à la male heure un petit long coutel dont il appareillait ses ongles et nettoyait.Il fit ouvrir l'huis de la prison, et vint à son fils et tenait l'alemelle de son coutel par la pointe, et si près de la pointe que il n'y en avait pas hors de ses doigts la longueur de l'épaisseur d'un gros tournois. Par mautalent, en boutant ce tant de pointe en la gorge de son fils, il l'asséna, ne sais en quelle veine, et lui dit « Ha, traitour ! Pourquoi ne manges-tu point ? »
L'enfens fut sang mué et effrayé, avec ce qu'il était faible de jeûneret que il vit ou sentit la pointe du coutel qui le toucha à la gorge... mais ce fut en une veine ; il se tourna d'autre part, et là mourut.
Ainsi en alla que je vous conte de la mort de Gaston de Foix : son père l'occit voirement, mais le roi de Navarre lui donna le coup de la mort. » |
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AURÒST (Livre des oraisons) Après la mort de l’héritier Mon fils et moi étions mauvais Voilà je suis le plus endurci Je ne suis pas en repentance Que seront nos corps mortifiés Quand mes dents se contracteront Les vers sont promis à mon corps |
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38 Que reste-t-il de la fureur Qui vit périr tant de nos pères Par les fléaux et les malheurs Qu'engendrent toujours grandes guerres |
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39 Car celle-là dura cent ans Cent années de pauvre misère Pour les seigneurs et braves gens Dieu ne put alors rien y faire |
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40 Famine fut un moindre mal Pour notre royaume de France Qui perdit flotte et amiral Et de l'Anglais son arrogance |
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41 Après que la chevalerie Sous traits archers fut effondrée Dans la grand plaine de Crécy Le doux Valois fut éploré |
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42 Survint alors de l'Orient Comme roulement de tonnerre La perdition de tant de gens Quand peste déferla sur terre |
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43 Un sur deux est pestiféré Mais qui prie Dieu ne l'écoute Le beau Béarn est épargné Et son vicomte point en route |
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44 Nul ne vit plus gentil seigneur Bellement mis sur sa monture Vaches de gueule en grand bonheur De feu à cimaise d'armure |
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45 Dans Paris auprès de Philippe Il reçut féale amitié Mais au roi Jean ne fit équipe Armagnac lui fut préféré |
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46 Fébus du Mauvais roi Navarre Ne déjoua point les complots Le roi Jean qui ne cria gare A Poitiers mena le chaos |
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47 France vit la guerre civile Le Prince Noir l'encouragea Fébus alors se fit agile Croisade en Prusse il mena |
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48 Retour barbare et triomphant Vint en France tua les Jacques Tous pauvres gens désespérant De souffrances et vaines attaques |
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49 A Maux les gueux tenaient les dames Toutes princesses de sang royal Les gueux épouvantaient les dames Fébus leur fit payer le mal |
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50 En héros du dauphin de France Gaston Fébus peut exiger Du pape Innocent redevance Et trésor d'écus de Poitiers |
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51 D'or ardrant belle chevelure Fébus dernier preux d'Occident Au Béarn fit architecture Des plus fiers chasteaux d'Occident |
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52 Il batît même grandes églises Tinels gothiques flamboyants Chrestias et engeance insoumise Ralièrent Béarn triomphant |
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53 La guerre et encore la guerre Gentil public pardonne -moi De te conter tant de misères Mais c'était ainsi autrefois |
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54 Quand les puissants entrent en colère Des frères humains ne se soucient Tout est profit tout est affaire Et peu leur importe le prix |
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55 Que maudits soient les grands seigneurs Et mêmement Gaston Fébus L'Armagnac et ses vavasseurs Qui à Launac furent vaincus |
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56 En l'an de Grâce du Seigneur Mille trois cent soixante deux Fébus d'Armagnac fut vainqueur Et d'Occident devint le preux |
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57 Pour le Béarn il s'agissait De se rassembler jusqu'à Foix Entre l'Anglais et le Français De faire pays devers soi |
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58 L'Armagnac et ses féodaux Tous prisonniers tous rançonnés Durent payer de lourds impôts Et devant Béarn s'humilier |
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59 Et jamais de tout l'Occident L'on ne vit plus riche seigneur Ni donjon plus garni d'argent Que Moncade à ses riches heures |
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60 Gaston Fébus se sépara Alors des grandes compagnies Des mercenaires qu'il employa Il dut alors payer le prix |
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61 Gaston Fébus rusé vicomte Ne put cependant pas saisir Le Languedoc pour tout acompte Qu'un autre seigneur put ravir |
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62 Mais du bon et doux roi de France Gaston Fébus devint l'ami Il fut reçu en élégance Dans Toulouse par celui-ci |
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63 Alors amis que retenir De toutes ses nobles histoires Qui peuvent faire réfléchir Aux vanités de notre histoire |
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64 Dans ce tombeau que reste-t-il Des traces de tant de richesses Quelques ossements en péril Et ni joie ni pleurs ni tristesse |
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65 Dites-moi où sont retirées Les trompettes de la gloire Et puis toute autre vanité Qui procure soif du pouvoir |
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66 Tout existe le temps de l'homme Après cela qu'en reste-t-il Où êtes-vous Jacques Bonhomme Et Du Guesclin dans quel exil |
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67 Seuls demeurent les faits de l'âme Et pour toute édification La chair on sait devient infâme Finit en putréfaction |
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68 Le grand Fébus et beau vicomte D'oeuvres d'art tient sa renommée Siècles qu'elle traversa ne comptent Pour grand chasseur il s'est donné |
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69 Veneur qui instruisit ses pairs De toutes bêtes qu'il chassait Des pièges claies poisons et fer Que tout ami doit pratiquer |
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70 Las des crimes et des tourments Que les frères font à leurs frères Bourreaux craignez le châtiment Si vous trahissez l'art de faire |
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71 Ne chassez point en cruauté Respectez l'animal sauvage A qui Dieu a bien montré Comment vivre en très grand partage |
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72 Forêts de Béarn et d'autres lieux Qui belles bêtes abritez Protégez les dedans vos creux Comme Marie au Christ ferait |
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73 Valets n'oubliez point les chiens Qui sont les plus fidèles à l'homme Les aimer et les soigner bien A courre ils seront gentilshommes |
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74 Mais l'empereur des animaux Devant qui Goupil n'en peut mais En face à face dedans la peau Seule dague doit pénétrer |
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75 Maître l'Ours est Christ dans le bois Il fait miracles en forêts Ne pas tenir bête aux abois A grand respect le saluer |
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76 L'on dit à Orion Sauveterre Qu'au bois Fébus rencontra l'Ours La bête lui fit mordre terre Ce fut alors son dernier tour |
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77 Mais qui des deux était la bête L'homme Fébus ou le Dieu Ours Mais qui fait l'ange fait la bête C'est ainsi jusqu'au dernier jour |
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78 Echo parlant sur la rivière Que tout n'est pleurs au bourg de Pau Le vicomte en belle manière S'est tondu de bas en haut |
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79 A Notre Dame du Bout du Pont Il sacrifia sa chevelure Et ce fut pour absolution Qu'en repentance il prit la bure |
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80 Grimpa tout en haut du donjon En chambrette fort obscure Il pleura comme enfançon Toute une vie le malheur dure |
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81 Et celui-ci plus qu'aucun autre Car pris de démente colère Fébus s'en dire patenôtre A tué son fils feudataire |
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82 Pour quelque crime qu'il ait commis Cela valait-il la misère L'héritier mort que reste-t-il Au plus grand prince de la terre |
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83 Alors il fit des Oraisons Qu'un moine ami sur parchemin Transcrivit bel en compassion En humble Fébus s'y dépeint |
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84 Il souffre tant de cruauté Et de violence et de colère Qu'il effraie tant l'Humanité Sans épargner mère ni frère |
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85 Il n'aimait point son fils aîné Il n'aimait point trop ses manières Félonie avait hérité De son oncle et de sa mère |
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86 Sainte Vierge pardonnez Non point le crime accompli Mais tous les crimes du passé Qu'ambition mienne a conduits |
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87 Oraisons Oraisons funèbres Maudits soient tous ceux de ce temps La danse macabre célèbre Tous ses valets obéissants |
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88 Et l'on vit alors en miracle Le plus beau prince occitan Monter en haut sur la terrasse Et regarder le firmament |
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89 Il était quelque fois poète A sa muse disait ceci Muse croit que la vie n'est faite Et accomplie que pour l'esprit |
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90 Il ne chantait point d'amusettes Ni ses faits d'armes ni ses trophées Mais quand il se faisait poète C'est la nature qui l'inspirait |
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91 Maintenant Béarn possédait Les plus beaux châteaux de France Fébus les avait érigés Pour protéger ses allégeances |
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92 Fut Maitre Sicard de Lordat Le bâtisseur grand architecte De briques rouges il édifia Porches-donjons toujours en tête |
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93 Mauvezin veillait sur Bigorre Morlane défiait l' Anglais De Moncade Guyenne éplore Mais le plus fort est Montaner |
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94 L'Armagnac ainsi méprisé De Launac voit la remembrance Devant la tour de Montaner Il a perdu son arrogance |
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95 Est-ce pour fuir d'Orthez le drame Que Fébus tira la leçon Il fit à Pau venir ses armes Ses hommes liges et ses garçons |
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96 Tout en haut face à la montagne Du donjon face au pic d'Ossau Fébus en pays de cocagne Songe à sa vie qui passe trop |
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97 Alors le prince dit demain Je partirai aux bois d'Orion Pour oublier tous mes chagrins Et traquer l'ours sans rémission |
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98 Pour lors en icelle nuitée Lui vint en tête belle chanson Qu' un jour lui avait inspirée Agnès de France sans façon |
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99 Où es-tu où es-tu ma belle Peux-tu pardonner mes actions Je suis puissant mais solitaire Dieu m'a pris trop en punition |
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100 Et Si canti jo que canti Chanson cathare où es tu Mais c'est Fébus en poésie Prince Occitan qu'est devenu |
Catégorie : 2019 Gaston Fébus - La pastorale "Au hossat de Fèbus"
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